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Au verger
Je fauche l’herbe au verger.
Un homme enterre son fils
La forêt exulte de mésanges
Et les mouches bourdonnent le soleil.
Une larme perle sur ta peau nue,
Peut-être l’amour qui rigole,
A moins que ce ne soit que de l’eau.
Le glas sonne au-delà des pins
Un chevreuil éclipse le jour.
Le temps enfonce son coin
Derrière chacun de nos pas.
Nous avons huit ans puis quatre-vingt,
A moins que la vie
ne nous ferme les yeux bien avant.
Depuis toujours,
nous avons l’âge du monde.
La terre nous tourne la tête,
La preuve que nous sommes encore bien vivants.
Le parfum de l’herbe couchée. -
Barque
J’ai trouvé
une barque renversée
sur la berge d’un songe.
A son bord,
j’ai fendu la nuit
jusqu’aux récifs aiguisés
du matin.
Tout le jour
j’en garde sur la peau
le parfum épicé
d’un rêve lointain. -
Poisson
Mon cœur est un poisson rouge
Palpitant affolé sur le pavé.
Le prendras-tu entre tes mains ?
Le porteras-tu à ta bouche
Pour lui donner l’air
de rien
qui lui manquait ? -
Prix Sorcières 2024
Sorciéreusement chouette !!!!!
« Monstres » vient de remporter le Prix Sorcières 2024 dans sa catégorie !Pour info, les Prix Sorcières sont décernés depuis 1986 par l’Association des Librairies Spécialisées Jeunesse et l’Association des Bibliothécaires de France et « portent sur des livres qui ne laissent pas indifférents, faits de larmes et de rires, de violence et de douceur, des livres pour se construire en toute liberté, en toute curiosité. »
Merci aux libraires, aux bibliothécaires,
aux monstres, aux sorcières,
et RDV sous le chapiteau pour la grande parade ! -
Pirate
J’ai caché
près des côtes
un coffret
où sont amassés mes trésors secrets :Le merle réveil-matin,
une plume d’enfance,
trois petits cailloux
et l’épice des pinsLe clapotis de l’été,
le chocolat sur la peau,
les mots que j’inventais
que je n’écrivais jamais
par peur d’enflammer
les forêts de papierune croûte au genou de l’âme,
les crécelles des cigales,
le crapaud sous le sable
le renard qui bondit
sur une rognure de luneEt, tout au fond,
dans son papier doré,
un amour
tout fondu.Je te parle du temps où j’étais marin d’eau douce,
Où j’allais insouciant sur mon bateau
pirate au long cours de récré.
Ici je laisse pour toi cette carte.
Si le cœur t’en dit, tu iras un jour
déterrer le coffret.