La Maison des Oiseaux



Merles, moineaux, mésanges, rouges-gorges, rouge-queues noirs,
pinsons des arbres, verdiers, éperviers, huppes fasciées,… ma maison est toute entière aux oiseaux.
Dès le matin, ils déplient le jour et déploient le ciel entre le canapé et le vieux poêle à bois.
C’est un grand chantier auquel tous s’affairent avec constance et fébrilité.
Chacun a sa tâche attitrée pour que le temps s’égraine, pour que monde continue de tourner.
A toute heure, dans le salon ils tournoient sans filet.
Et peu importe la lame du froid, les mâchoires du feu, les convulsions de la terre,
toujours, ils poursuivent leur mission, obstinés.
Les oiseaux sont les horlogers de nos vies.Ils sont les métronomes entêtés du jour et de la nuit.
Les témoins insouciants de nos élans et de nos effondrements.
Le miroir de nos yeux tendus vers le plafond ou l’éternité.
Sans eux, tout disparaîtrait.
Un monde sans oiseaux serait une terre d’oubli.
La vie ne tient qu’à une plume.
Aussi, je me tiens immobile au creux du jour pour ne pas les effaroucher.
Je laisse les rouges-queues se percher sur mes paupières closes.
De sont chant, un moineau habille ma solitude.
Les mésanges ébouriffent mes certitudes.
Ma peur fendue en deux par l’épervier.
Les pinsons picorent mes sourires.
Un merle docte arpente le calme de mon crâne.
Ma vie ne tient qu’à une plume.
Par chance,les oiseaux ne sont jamais loin.
Depuis toujours,
ils nichent sous l’escalier
de mes omoplates gauches.